Nue Céramique, d’infirmière à céramiste

En juin retrouvez une nouvelle collaboration Minuit Céramique x Nue Céramique ! Pour l’occasion, on a interviewé Julie sur son parcours et son métier.

Peux-tu me parler de ton parcours ?

J’ai exercé le métier d’infirmière pendant 12 ans. Par la suite, j’ai également poursuivi des études d’ostéopathie, que je n’ai finalement pas terminées. J’ai donc été de longues années dans le soin, loin d’un métier artistique !

Lors de mes études d’infirmière à Paris, je suis tombée un jour par hasard en me baladant devant un atelier de céramique. Et j’ai eu un coup de cœur pour les collections en porcelaine en vitrine. C’était l’atelier d’Emmanuelle Wittmann.  Je suis entrée et sans réfléchir j’ai demandé s’il était possible de prendre des cours. C’est comme ça que la céramique est entrée dans ma vie.

Pendant 4 ans j’ai appris à tourner la porcelaine à ses côtés. Ce n’est pas la terre la plus simple pour démarrer ! J’ai adoré et une vraie passion est née. Je prenais environ 5 heures de cours par semaine, en parallèle de mes études et de mon travail dans des services hospitaliers difficiles. J’avais 25 ans et jamais je n’aurais imaginé que ça devienne mon métier.

Ça me faisait rêver bien sûr mais je ne l’envisageais pas encore comme une réelle possibilité.

Une fois mes études d’infirmière terminées, j’ai eu à cœur de voyager car j’ai toujours beaucoup voyagé depuis mes jeunes années. Et mon métier dans le soin m’a servi de lien pour aller à la rencontre de personnes, en Afrique notamment et de pouvoir passer du temps dans des villages, avec des ethnies pour apprendre en toute humilité à leurs côtés.

J’ai par exemple passé trois mois au Mali avec l’ethnie Dogon, au côté d’un guérisseur. Il soignait les gens grâce à des cataplasmes en argile. J’ai énormément appris à ses côtés. J’ai aussi travaillé à Madagascar aux urgences à l’hôpital.

Par la suite, de retour à Paris je décide de reprendre des études d’ostéopathie ; je reste donc dans la santé pendant encore 4 années mais je ne vais pas jusqu’au diplôme. Et je laisse de côté la pratique de la terre.

Et comment es-tu revenu vers la céramique ?

C’est en déménageant à Marseille en famille que je reprends progressivement des cours de tournage. À ce moment-là j’ai un rythme effréné. Je travaille en tant qu’instrumentiste (assistante) en bloc opératoire la journée, je dois m’occuper des enfants et j’ouvre en parallèle un atelier avec plusieurs céramistes. Je me consacre donc à la terre le soir tard. J’ai tenu ce rythme pendant 1 an et demi. Avant d’avoir vraiment besoin de souffler.

À ce moment-là, mon amie Hélène (Ln Boul) a ouvert son atelier actuel. En allant la voir le week-end j’ai senti que c’est ce que je voulais faire aussi.

C'est là qu’on a pris la décision avec mon époux de ralentir le rythme et de s’installer à la campagne. J’ai donc déménagé de Marseille à un petit village qui s’appelle Saint-Bonnet-le-Froid en Haute-Loire, près du nord de l’Ardèche. C’était le moment pour moi de changer de carrière et de me consacrer pleinement à la terre. Je me suis donc présentée comme potière et j’ai eu rapidement des commandes. 

On adore cette vie ! Ma fille va à l’école dans le village, on a un potager, de l’espace. L’hiver la région rappelle le Canada avec les grandes forêts de sapin, la neige, le froid. C’est très reconnectant aux valeurs de la vie. Et ça va bien avec le métier de potier.

Quelles sont tes inspirations ? Comment est-ce que tu imagines tes collections ?

Lorsque je me suis installée, je ne travaillais que la porcelaine. Les réseaux sociaux m’ont aidé à m’ouvrir aux autres pratiques, terre, esthétiques et à échanger avec des céramistes. 

C’est comme ça que j’ai trouvé mon style progressivement. 

Mon envie c’est de proposer des pièces simples, rustiques et délicates. L’idée est de conserver la finesse des pièces comme lorsque j’utilisais de la porcelaine et de les contraster avec des terres chamottées. Une sobriété délicate en somme ! Et puis j’aime que les gens puissent se servir de mes pièces quotidiennement et qu’elles se nettoient facilement. Je n’utilise que des émaux brillants pour faciliter l’usage.

J’aime beaucoup la céramique japonaise et coréenne. Cette élégance dans la sobriété. L’engobe de porcelaine est beaucoup utilisé. J’ai été formée à cette pratique par Delphine Scalbert en Bourgogne et je l’utilise au quotidien.

J’ai une approche très autodidacte dans mon métier. J’apprends en faisant et je teste. J’aime bien l’imperfection. Mes soliflores par exemple sont tournés au tour de potier puis je les déforme légèrement à la main pour garder un aspect irrégulier.

Tu peux nous dire un mot sur le collectif Minuit et la collection Studio Minuit x Nue Céramique ?

Je suis heureuse de faire partie du collectif. Il m’a permis de gagner en visibilité et aujourd’hui si je peux vivre de mon métier, c’est en partie grâce à Minuit Céramique. La collaboration était la suite évidente et j’aime bien l’idée qu’on parte de formes existantes et que chaque céramiste puisse y apposer son univers ! 

Quels sont tes rêves pour le futur ?

Mon rêve absolu serait de voyager sur la thématique de la poterie. J’aimerais par exemple pouvoir aller me former en Corée. J’ai failli partir au Japon il y a 2 ans mais le covid a compliqué les choses. J’ai envie de continuer à apprendre tout en voyageant !

Précédent
Précédent

Alejandra Andrade - atelier SUYU

Suivant
Suivant

Les précommandes du Studio Minuit