Mylène, entre céramique, graphisme et bijoux

Mylène fait partie des premières céramistes à avoir rejoint le collectif. Installée à Paris, vous pouvez la croiser à l’atelier Saint-Sabin dans le 11e arrondissement.

Tu peux nous parler de ton parcours ? 

Oui, j’ai étudié en terminale S au lycée, ma mère rêvait que je devienne médecin comme elle. Mon père est journaliste. Je me souviens que petite je faisais déjà plein de choses de mes mains, j’étais curieuse. Ensuite j’ai vite su que je souhaitais intégrer les Arts Décoratifs de Paris. Je sentais que je voulais faire un métier artistique. J’ai passé le concours et j’ai été accepté !

Ça consiste en quoi les Arts Décoratifs ?

Il y a 12 départements dans l’école : design objet, textile, architecture, photographie, scénographie, illustration .. La première année est généraliste et ensuite on se spécialise. Je suis allée en graphisme.

Et c’est là-bas que tu as découvert la céramique ?

Pendant la 4e année j’ai pu partir en échange au Japon. Comme c’était compliqué pour moi de mettre en page du texte en japonais là-bas, je me suis mise aux bijoux ! J’ai découvert plus globalement l’artisanat japonais et ça m’a beaucoup plu. Je me suis remise à faire des choses de mes mains.

En rentrant, j’ai décidé de tester tous les ateliers de l’école. Il y avait un atelier bois, un autre pour le métal et un avec la céramique. Toutes les matières sont en libre-accès ce qui est assez chouette.

À l’atelier céramique la terre disponible était de la porcelaine. J’ai donc commencé par travailler cette terre. Les connaisseurs savent que ce n’est pas la terre la plus facile pour démarrer !

Le responsable de l’atelier m’a appris à faire des moules, et à couler la porcelaine. C’est un peu devenu mon mentor ce qui est drôle car lui-même n’était pas céramiste. J’ai aussi pris des cours de tournage mais je n’ai pas accroché.

À ce moment-là il était assez clair pour moi que je voulais faire quelque chose des mes mains. Comme il est plus compliqué d’avoir chez soi un atelier de bois par exemple, je me suis dit que la céramique était une bonne option. On arrive plus facilement au résultat attendu. Mais je ne souhaitais pas faire que ça.

Comment tu t’es décidée finalement ?

En 5e année j’ai réalisé un stage auprès d’Alix D. Reynis. Je l'ai aidé à développer une ligne de bijoux dans sa cave (rires).

J’ai toujours été adepte de la stratégie des petits pas. J’avais beaucoup de mal à savoir ce que je voulais vraiment faire, à partir dans une seule direction. Je me posais des questions du style : qu’est-ce que tu as envie de faire ? Qu’est-ce qui te ferait plaisir ?

J’avais très envie d’aller à NYC, alors je suis partie 3 mois là-bas. J’ai fait un stage de céramique et un stage de bijoux.

Et en revenant, je re-croise Alix D Reynis. Elle venait d’ouvrir une boutique tout près de chez moi ! J’ai été embauchée et j’ai pu travailler à mi-temps ce qui était idéal pour moi. À côté j’ai pu développer mes propres créations.

Aujourd’hui j’occupe donc mon temps entre le graphisme, la céramique et le bijou ! Je travaille 2,5 jours à l’atelier mes pièces en céramique et 3, 5 jours chez Alix en graphisme et bijou.

Quelles sont tes missions chez Alix D. Reynis ?

J’y travaille depuis 5 ans maintenant. Je m'occupe de tout les supports de communication comme les catalogues, le packaging, la papeterie et les supports numériques, et aussi des photos et de la création de bijoux. (Je m’occupe aussi des collaborations et des motifs sur les pièces en céramique.)

Pour les bijoux, je pars d’un moodboard, je fais des dessins et avec Alix on y réfléchit ensemble. Elle me fait confiance et on travaille de manière très fluide. Je m’occupe ensuite des prototypes et le bijou fini est fabriquée par un atelier de production.

Tu peux me raconter ta production personnelle de céramique ? Et tes inspirations ?

Lorsque j’ai démarré, c’était dans le 18e à Paris avec mon amie Marie Yaé. J’expérimentais des terres teintées, ce que je faisais aux arts appliqués. J’avais aussi vu à l’école des pièces marbrées et ça m’a beaucoup inspiré. L’avantage de l’école c’est qu’il y avait des centaines de pigments disponibles et on pouvait faire plein de tests !

Ensuite nous nous sommes installées à Saint-Denis avec Marie. J’en ai profité pour beaucoup réfléchir à ma pratique. J’ai décidé de me concentrer sur la forme et sur les motifs avec une seule couleur. À l’époque c’était le bleu. Je travaillais de belles formes assez simples en coulage. Je réalisais surtout des tasses et des bols.

Je m'inspire beaucoup de la technique japonaise du Nerikomi et j’ai eu envie d’aller plus loin. Ça qui consiste à empiler des terres de couleurs différentes qui vont réaliser un motif. Les maitres Nerikomi arrivent à réaliser plein de dessins complexes ! C’est une technique qu’on retrouve d’ailleurs aussi dans d’autres pratiques. Les bonbons, la marqueterie…

Mes inspirations c’est aussi le papier marbré, la peinture à l’huile. J’aime mélanger différents mediums entre eux et qu’on retrouve ça dans les motifs de mes pièces.

Et enfin j’aime rarement faire deux fois la même chose. Mes pièces sont quasiment toutes des pièces uniques.

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Julie Brouant, illustratrice et céramiste

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