Julie Brouant, illustratrice et céramiste
Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Julie, j’ai 26 ans et je suis bretonne. Je viens d’un village entre Rennes et Nantes. Ma maison se situait d’ailleurs près d’un petit village de potiers, Saint-Jean-La-Poterie !
Je suis donc originaire de l’ouest, mais j’ai fait une partie de mes études à Strasbourg à l’est et je vis aujourd’hui au centre, à Paris !
Enfant, j’imaginais un métier dans la mode. Et finalement au lycée je me suis rendue compte que je préférais le graphisme, l’illustration, l’image. Je dessinais beaucoup.
J’ai commencé mes études par un DMA illustration au lycée Auguste Renoir à Paris. Puis j’ai étudié aux Arts décoratifs de Strasbourg pendant 3 ans.
À quel moment est-ce que tu as approché la céramique ?
J’ai découvert la céramique pendant mes études aux Arts décos, notamment grâce à l‘atelier Terre de l’école. J’ai aussi profité d’une période de stage pendant mon cursus pour me former. J’ai réalisé ce stage à Bagnolet, chez Aurélie Dorard. J’aimais beaucoup le côté irrégulier de ses pièces réalisées en modelage. À Strasbourg, j'habitais au dessus d’un atelier de céramique (l’atelier Concret tenu par Coralie Lesage). C’est en partie grâce à cela que j’ai continué mon apprentissage de la céramique ! J’ai pris des cours avec Coralie, et j’ai aussi réalisé le décor de sa vitrine en échange de conseils techniques.
Finalement, j’ai trouvé que l’illustration et la céramique se répondaient bien. C’est à ce moment que j’ai eu envie d’intégrer la céramique à mon univers illustré, et inversement. Pour moi ces deux pratiques se sont vraiment nourries mutuellement.
En 2019, de retour à Paris, j’ai commencé à chercher un atelier où développer ma pratique. À ce moment là je réalisais uniquement des pièces en modelage et à la plaque. Ayant une très petite production, j’ai démarré en travaillant chez moi et en faisant cuire mes pièces au Tabouret, à Montreuil.
C’est aussi dans cet atelier que j’ai suivi une formation pour fabriquer mes propres moules en plâtre, ce qui m’a permis de commencer à travailler sur des petites séries.
Je modèle toujours la plupart de mes pièces à la main, et pour d’autres je peux produire en un peu plus grandes quantités grâce aux moules. Mes tasses et mes boîtes sont réalisées en coulage. Les vases eux sont tous des pièces uniques.
En mai 2021, j’ai participé au marché Utile (un marché de céramique parisien) grâce à une amie qui a accepté de partager son stand avec moi. C’était la première fois que je vendais vraiment mes pièces, et c’est à partir de ce moment que j’ai vraiment commencé à vouloir faire de la céramique mon métier.
En novembre 2021, j’ai enfin trouvé une place dans un atelier partagé, à Saint Denis, où je travaille depuis.
Et je suis entrée dans le collectif Minuit en janvier 2022 !
Comment décrirais-tu ton style ?
J’ai une esthétique un peu naïve et très colorée. Mes inspirations sont multiples : folklore notamment breton, art populaire, art naïf, photographies anciennes… En céramique comme en illustration, j’aime aussi qu’on puisse voir la trace de la main, et une certaine maladresse par moments. Je trouve cette naïveté touchante. J’aime aussi beaucoup les entrelacs, les broderies, et tout ce qui est purement décoratif.
Pendant mes études en arts appliqués, j’avais l’impression que tout devait pouvoir se justifier par son utilité, et avoir une raison d’être. Le décor n’y avait pas vraiment sa place. C’est donc une fois l’école terminée que j’ai vraiment pu explorer cet aspect de mon travail.Le décor est très important pour moi, et il m’arrive d’imaginer la forme d’une pièce en fonction du décor que j’ai envie d'y représenter. C’est aussi la partie qui me prend le plus de temps : cela représente environ deux tiers du travail. Pour un grand vase, par exemple, le décor me prend entre deux et trois heures. Mon univers est peuplé de personnages féminins, d'oiseaux, de motifs végétaux, de fleurs, et de petites scènettes naïves. Je pourrais citer le douanier Rousseau, les images d’Epinal, Anderson, la poterie traditionnelle bretonne, les céramiques Ardmore, et la vaisselle de ma grand-mère comme inspirations.
Un dernier mot ?
J’ai rencontré beaucoup de céramistes et construit mon réseau grâce à Instagram. Créer du contenu prend beaucoup de temps, mais c’est chouette d’avoir des retours constructifs sur son travail !