Du côté de chez Eve Schneider

Crédit photo : Coline Ciais-Soulhat

Crédit photo : Coline Ciais-Soulhat

Crédit photo : Coline Ciais-Soulhat

Je m’appelle Eve, je suis originaire de région parisienne et j’y ai fait mes études. J’ai suivi un double cursus en droit et en histoire de l’art. J’ai toujours eu une sensibilité esthétique et artistique mais je ne me sentais pas légitime de pratiquer, alors y avoir accès par la théorie me convenait bien. Et le droit avait un côté rassurant pour moi et mon entourage. J’ai finalement préféré le droit car j’y ai trouvé une rigueur et j’ai complété par des études de gestion pour avoir les bases de la création d’entreprise.

A la fin de mes études j’ai par hasard redécouvert la céramique - j’avais pris des cours petite. Je m’aperçois que j’ai plaisir à en faire et surtout je me projette grand-mère à toujours pratiquer et que ça continue de me rendre heureuse !

Quelles ont été les premières étapes de ta reconversion ?

J’avais une fascination pour le tournage. J’ai d’abord réalisé plusieurs stages. Puis j’ai passé le CAP tournage à Montreuil en 2020.

J’ai ensuite rencontré Corentin Brison, chez qui j’ai réalisé un stage de deux semaines, puis Margaux Ceramics avec qui j’ai partagé mon premier atelier à Paris et juste avant qu’elle ne déménage à Lorient. C’était idéal car j’ai été baignée par le rythme d’un atelier. J’avais le côté technique par les cours que j’avais eu lors de mes études mais aucune expérience sur la gestion quotidienne. Or Margaux était déjà bien rodée, ça m’a permis de voir le cheminement d’une céramiste installée

J’ai ensuite occupé un autre atelier avec Anne Agma. J’avais un job alimentaire en parallèle et j’aidais une amie céramiste sur la fabrication de commandes professionnelles avec des grandes quantités. Ça m’a permis d’avoir un premier aperçu de la vente et comment on pouvait vivre de ce métier.

Puis j’ai suivi mon compagnon dans le Sud de la France en septembre 2021, là où nous vivons aujourd’hui !

Comment s’est passée ton installation ?

Mon atelier est situé sur le domaine oléicole de mes beaux-parents. Les premiers mois n’ont pas été faciles, on sait ce que l’on quitte mais pas ce que l’on va trouver. Et je devais m’adapter à une nouvelle vie. Il y avait plusieurs challenges : avoir un atelier et une activité professionnelle seule, apprivoiser une nouvelle région, rencontrer du monde.. Après 6 mois dans le “dur”, les planètes se sont alignées et j’ai rencontré les bonnes personnes. Et j’adore la liberté de mon métier.

Quel est ton rythme, ton organisation à l’atelier ?

Une fois installée, je me suis dépêchée pour Noël et j’avais deux mois pour fabriquer des pièces. C’était mon premier objectif. Le début d’année 2022 a été plus rude car je commençais tout juste à démarcher des boutiques. On ne me connaissait pas encore.

En Mars j’ai trouvé une première cliente qui m’a fait un retour très positif. Ça m’a boosté et à partir de là, je fabriquais sur commande. De fil en aiguille j’ai aussi eu des commandes de restaurateurs de la région. Et ça fonctionne beaucoup au bouche à oreille. Dans le coin, les gens se connaissent et du coup les partenariats avec des acteurs locaux se sont formés assez vite. L’année 2023 a été riche en commandes pros. Sur les temps creux, je développe ma collection personnelle.

En termes d’organisation, je vis à deux minutes de l’atelier. C’est une chance, je passe régulièrement voir où en sont mes pièces. Mais je ne déconnecte pas souvent ! 

Le cadre de travail est magnifique mais isolé. Le travail est solitaire et j’aime en plus travailler en silence pour me concentrer.

Un mot sur tes collections ?

Mes collections ont beaucoup évolué en 3 ans. Elles racontent à chaque fois des choses différentes et l’inspiration a changé avec la lumière très différente du Sud de la France. J’ai porté un regard neuf sur les émaux, les nuances et j’ai travaillé davantage les superpositions.

Pour l’élaboration, je fonctionne de manière empirique. J’ai des petits carnets, je griffonne des formes et je réalise des prototypes à l’atelier. Puis j’ajuste les proportions. Pour les couleurs, je réalise des tessons de tests pour voir les réactions des oxydes. J’ai l’impression de créer des potions magiques.

Quand j’ai envie de créer une nouvelle collection, le point de départ ce sont les couleurs archivées en tesson. En ce moment je repars sur des tests couleurs qui datent de Paris par exemple. Je garde en tête une harmonie globale, entre les différentes collections, qu’elles puissent vivre ensemble.

Côté formes, j’aime beaucoup fabriquer des tasses. C’est un objet coup de cœur qu'on collectionne avec plaisir, et au final, chacune raconte une histoire différente.

J’aime aussi beaucoup les miniatures que je vends en coffret. Ce sont comme des petits trésors.

Tu peux nous parler de la notion d’inutilitaire ?

 J’ai toujours été une grande amoureuse des objets et j'ai pris plaisir à les collectionner, à les contempler. Le Petit traité de céramique (in)utilitaire, c'est une manière de partager cette vision de l’objet. Un lien se crée au-delà de la notion d’usage, qui passe alors au second plan. Pour la collection lunaire, la première pièce était l’assiette et son émail était assez immersif. Tu plonges tes yeux dans les variations, tu la contemples .. avant de l’utiliser. C’est ça le fil rouge de mes collections.

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