Rencontre avec Laura Philippon, de Ceramics by Laura

Laura a intégré le collectif Minuit à ses touts débuts ; il était donc temps de vous partager son histoire ! Après des études de design graphique c’est le hasard qui guide Laura vers la céramique. Un métier passion, une fabrication minutieuse et des collections aux inspirations multiples. Rencontre.

Hello Laura, de quel coin es-tu originaire ?

J’ai grandi dans la Loire dans un village qui s’appelle Perreux, juste à côté de Roanne. C’est entre Lyon et Saint-Etienne. J’ai donc grandi à la campagne, dans un super environnement. J’y suis restée jusqu’à mes 18 ans et j’ai ensuite poursuivi mes études à Paris.


Tu as suivi des études de design graphique, comment as-tu choisi ce cursus ?

J’ai toujours adoré dessiner et faire des activités avec mes mains. Je me souviens que mon père me racontait des histoires en dessin et que l’on dessinait à quatre mains sur un tableau. Cet environnement familial artistique m'a amené à envisager des études en Arts. J’étais en option Arts Plastiques au lycée, puis j’ai fait une année de Mise à niveau en Arts Appliqués et j’ai alors intégré l’Ensaama Olivier de Serres à Paris. 

Le cursus est assez généraliste la première année. Il y a de nombreuses spécialisations autour du design et de l’artisanat. Le but est de voir des choses très différentes. Avec mon goût pour le dessin, je me suis vite engagée dans le design graphique. Je me projetais dans le travail de l'image.

Et puis finalement au fil des projets j’ai commencé à me lasser. Je n’aimais pas le côté strict des cahiers de charges qui laissaient finalement peu de place à la liberté de création. J’avais de plus en plus le syndrome de la plage blanche. C’était frustrant !

Comment as-tu eu le déclic et poursuivi avec la céramique ?

J’ai d’abord eu une révélation lors d'un projet de travail en volume. Je me souviens d’un projet en expression libre. J’avais utilisé du papier mâché et du plâtre et j’avais adoré.

J’ai alors postulé dans deux spécialités en artisanat, céramique et métal, un peu au hasard. Et j’ai été prise en céramique, en DMA au Lycée Jean-Pierre Vernant à Sèvres, juste à côté de la manufacture de Sèvres.

Je me suis sentie vraiment à ma place en arrivant là-bas !

Ce DMA a la particularité d’être le seul de France à proposer l’option artisanat numérique. On apprend à faire dialoguer la fabrication de céramique avec les outils numériques : modélisation, impression 3D, découpe laser.. Progressivement pendant les deux années à l’école on travaille de plus en plus de projets pratiques ou on imagine un objet de A à Z avec une vraie utilité et jusqu’à la synthèse finale qui suppose de créer une gamme d’objets utilitaires ou artistiques en céramique.

Malgré ce changement de voie du graphisme à la céramique, je n'ai pas abandonné le design graphique pour autant ! Mes compétences me servent au quotidien dans mon métier de céramiste et c'est devenu un plaisir de concevoir mon propre site Internet, mes supports de communication, et les photos et vidéos de mon travail !

Tu as lancé ton atelier de suite après ?
Non, je ne me sentais pas complètement prête !

La formation en deux ans permet de voir le maximum de techniques et projets différents mais on a pas le temps d’approfondir et de se spécialiser. J’avais envie de progresser au tour de potier, alors j’ai complété avec un apprentissage intensif pendant 5 mois au centre de formation Chemins de la céramique. On avait 7 à 8h de tournage par jour ! J’ai aussi beaucoup appris sur le travail de recherche en émail. C’était super enrichissant.

Et la c’était enfin le moment de me lancer !

Tu nous racontes ?

J’ai d’abord travaillé plusieurs mois comme hôtesse d’accueil dans un restaurant gastronomique pour financer l’achat de mon four et du matériel. Puis je me suis installée chez mes parents dans l’atelier de mon père situé dans le jardin. Son atelier lui sert à travailler le bois et on a partagé nos activités bois et céramique pendant quelques temps. J’ai eu la chance de ne pas avoir trop de charge de suite et de pouvoir mûrir mes collections de produits et d’affiner mon travail.

Pendant deux ans, j’ai réalisé beaucoup de tests et pensé mes collections. J’ai toujours un carnet avec moi dans lequel je fais de nombreux croquis qui deviennent ensuite des prototypes. J’avais par exemple l’idée de décliner des anses sur un même objet depuis longtemps et c’est devenu la collection Athéna avec notamment la tasse Athéna disponible avec trois anses différentes pour différents usages (mains, doigts, au creux des mains)

Puis j’ai déménagé à Montpellier ou j’ai co-créé l’atelier La Hütte, il y a deux et demi maintenant !

Quelles sont tes inspirations ? 

Mes inspirations sont variéees. Je pense notamment aux artefacts du Néolithique, à l’Antiquité Grecque, Romaine, Égyptienne. Je visite de nombreux musées en France dès que j’en ai la possibilité et j’emporte mon carnet de croquis avec moi. J’adore aller au Louvre par exemple.

Ce qui me touche dans l’antique c’est la simplicité et le dépouillement des formes. Faire du beau avec de la simplicité, sans ornement. 

Je réinterprète ces styles de manière minimaliste et géométrique. L’école Bauhaus m’inspire aussi beaucoup en ce sens. 

Et puis il y a aussi bien sûr la Méditerranée ! C’est pour moi un art de vivre, une gamme de couleurs, un vocabulaire, une tradition culinaire… Deux continents avec un lien commun fort.

Ma toute première collection Athéna est née de ce mélange d’idées et d’intérêts. J’ai imaginé les anses notamment des tasses comme un élément graphique, ornemental et fonctionnel. Une des anses permet de saisir la tasse à pleine main, une deuxième anse permet de la tenir avec deux ou trois doigts et enfin la dernière anse est comme un gri-gri et la tasse s’utilise à deux mains.

Puis est arrivée la collection Le Grand Bleu, que j’aime en mouvement perpétuel. Elle a démarré avec des cache-pots et des grands vases et s’est progressivement étoffée. J’ai mis beaucoup de temps à trouver la bonne teinte de bleu. Je crée des capsules éphémères. Il y a eu une gamme bicolore, puis l'édition brute chamottée et d’ici au printemps une nouvelle édition verra le jour. Surprise !

Comment occupes-tu ton temps hors céramique ?

La céramique prend énormément de temps, on ne va pas se le cacher !

J’aime les sports en extérieur : vélo, randonnée… Avec mon amoureux, on aime partir plusieurs jours, marcher et bivouaquer. Autour de Montpellier il y a les Cévennes, la Camarque, de multiples possibilités de sentiers et paysages incroyables.Notre prochain défi c’est le tour du Mont Blanc en 10 jours. Je fais aussi de la danse moderne-jazz : une autre forme d'expression artistique qui me fait le plus grand bien.

Je me rappelle de deux voyages qui m’ont vraiment marqué et inspiré. Une traversée de l’Atlas au Maroc et les gorges du Dadès il y a 6 ans et à 17 ans, un voyage au Guatemala absolument incroyable où j'ai découvert la culture maya et cette faune et flore si riches. Un matin, on s'est réveillé à 4h pour aller voir le lever du soleil sur un temple maya dans la jungle. Du silence, la forêt s’est éveillée progressivement. C’était magique.

Comment tu te projettes dans 5 à 10 ans ?

Je me vois faire ce métier très longtemps. L’enjeu sera de savoir se renouveler pour ne pas me lasser de mes formes et objets. J’ai d’autres idées et je me laisse le temps pour les concevoir. Dans 10 ans j’aurais sûrement un atelier à domicile dans la nature. Les Cévennes ou les Alpes du Sud m'attirent beaucoup !

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