Stéphanie Petit, de webdesigner à céramiste

Cette semaine nous avons interviewé Stéphanie Petit. On a bien sûr discuté céramique mais aussi reconversion professionnelle, inspiration et voyage avec la Norvège et ses fjords !

Hello Stéphanie ! Tu fais partie de Minuit depuis presque deux ans, est-ce que tu peux te présenter ? 

 Je m’appelle Stéphanie Petit et je suis céramiste à temps plein. Je vis à côté de Chantilly, dans l’Oise, après des années à Paris.  Je travaille le grès depuis bientôt 4 ans et je me suis spécialisée dans les pièces utilitaires pour la maison.

 Tu as évolué de nombreuses années en entreprise, tu peux nous raconter ?

 J’ai toujours été sensible à l’image et à la création. En ayant grandi à l’ère du digital, j’ai eu envie de m’orienter dans un métier du web. Au lycée j’avais déjà mon propre site internet - à l’époque ce n’était pas commun ! J’aimais particulièrement imaginer des sites web et réaliser des illustrations. L’idée a vite germé que je pourrais en faire mon métier.

Et c’est ce que j’ai fait pendant plus de 10 ans ! J’ai été tour à tour graphiste, webdesigner, en charge de campagnes marketing print et digitales, responsable du community management..

J’ai exercé ces différents métiers en grand groupe dans le secteur de la photographie. J’ai adoré puisque j’ai fait de très belles rencontres artistiques et j’ai pu développer mes compétences en photo - ce qui est bien utile aujourd’hui.


Comment la céramique est arrivée dans ta vie ?

À quel moment as-tu décidé de t’y consacrer pleinement et pourquoi ?

Après toutes ces années en grand groupe, j’ai fini par être lassée de ce monde d’entreprise et du rythme intense imposé. J’ai voulu prendre une pause pour reprendre la main et créer pour moi, avec mes envies et mes contraintes. Mon job était 100% virtuel et j’avais envie de travailler avec mes mains, de fabriquer des objets physiques. 

A 30 ans, on n’a plus les mêmes envies qu’à 20 ans, on a aussi plus de vécu donc on sait mieux ce qu’on veut et ce qu’on ne veut plus. C’est en tout cas comme ça que je l’ai ressenti.

C’est grâce à un stage de modelage que j’ai découvert la céramique ! Je venais de quitter mon emploi et j’avais du temps. C’était le moment parfait pour expérimenter la matière et tester des activités. J’ai réalisé ce stage chez Aurélie Dorard et j’ai senti ce jour-là une vraie connexion en posant mes mains sur la terre. Ça a été une évidence. 

 As-tu suivi une formation dédiée ou tu as appris en autodidacte ?

Suite à mon déclic j’ai suivi des cours et stage pendant une année avant de me lancer dans une formation professionnalisante. J’ai suivi une formation de CAP Tournage en Céramique chez Atelier Chemins de la Céramique à Montreuil. C’est une formation de 9 mois qui permet d’apprendre à tourner plusieurs formes, monter en poids, acquérir de la technicité, tourner en série mais aussi apprendre à réaliser ses propres émaux et engobes et découvrir différentes techniques de décoration. C’est un résumé parce qu’on voit beaucoup de choses.

 Je fais partie de ces personnes qui ont besoin de se former de manière « académique » pour se sentir à l’aise et légitime. Mais on peut très bien être un excellent céramiste en apprenant seul !

 D’où te viennent tes inspirations  ? Comment sont nées tes différentes collections ?

 Mes inspirations viennent de partout et ça dépend vraiment des périodes !  Je considère ma pratique comme une démarche expérimentale donc mes sensibilités peuvent varier.

 Mes premières collections « Oiseau » et les terres chamottées sont majoritairement inspirées des céramiques pré-colombiennes et mésopotamiennes que je trouve fascinante.. J’ai aussi beaucoup été inspirée par le travail d'Élisabeth Joulia qui m’a emmené à la déformation des pièces tournées (comme écraser un cylindre pour le rendre plat). Pour ces collections, j’ai travaillé avec une démarche sculpturale et j’ai voulu mettre en avant la matière, c’est pour ça que les pièces ne sont émaillées qu’à l’intérieur.

 Ma dernière collection part d’une réflexion plus « utile » et d’une envie de retrouver du sens dans mon travail. J’ai eu envie de créer une collection avec des pièces que l’on utilise au quotidien, qui sont indispensables et pratiques. Ici, j’ai mis beaucoup plus de temps à travailler sur les émaux et à jouer avec les nuances et les superpositions. Je suis partie des teintes que j’aimais et, naturellement, cela m’a emmené à la nature. Peut-être que c’est mon nouvel environnement, entouré de forêts, qui m’a inconsciemment influencé.

 As-tu d’autres passions à nous partager ?

 L’avantage d’un métier passion, c’est qu’on aime son boulot plus que jamais. L’inconvénient, c’est qu’on y passe souvent tout son temps, au détriment du reste.Ces dernières années, j’ai donc un peu tout lâché pour la terre.


Une des choses qui est restée, car c’est compatible avec mon métier, c’est tout ce qui est en lien avec le bien-être intérieur. J’écoute beaucoup de podcasts de développement personnel, des méditations guidées et de  l’ASMR chuchoté ! Quelques noms : Révèle-toi, L'Atelier de Marion, Tout va bien (méditation) et Sandra Marinelli (ASMR)

 J’aime aussi beaucoup randonner en sac à dos. Je voyage toujours comme ça, en France ou à l’étranger, avec le strict minimum et au plus proche de la nature !  C’est le meilleur moyen pour moi de recharger les batteries.

 Une expérience qui t’as marqué ?

Oui un voyage, deux même ! Je suis allée deux fois en Norvège en 2015 et en 2018, et je m’y suis toujours sentie comme à la maison. J’ai voyagé en sac à dos exclusivement, d’abord dans la région des fjords du côté de Bergen, puis dans les îles Lofoten dans le nord. La nature, les montagnes, les fjords, la culture très cocooning, les aurores boréales en hiver, les cascades, les maisons en bois colorées. J’imagine parfaitement mon atelier et ma petite cabane là-bas ! J’ai d’ailleurs tenté d’apprendre le norvégien il y a quelques années mais c’est une langue difficile. J’espère y retourner très vite !

Je garde plusieurs souvenirs : les villages de Reine et Hamnøy. On y croise presque personne, on peut se balader sur les lacs gelés et entendre le vent siffler. Le soir, on dort dans les rorbu au chaud (ces fameuses cabanes de pêcheurs rouges) et on admire les aurores au-dessus de nos têtes. Mais aussi une journée à marcher dans les montagnes enneigées pour rejoindre le rocher TrollTunga. C'est un petit rocher avec 700 m de vide en dessous et je n’étais pas bien équipée, c’était vraiment difficile. Je me souviens aussi de la magnifique église en bois de Borgund.

Une vie qui me fait rêver !

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