Rencontre avec Charlène Joannard en Savoie

Cette semaine on a échangé avec Charlène. Devenue céramiste en Savoie après avoir travaillé en Marketing et RH à Paris, on a discuté de la raison de ce changement de vie et de son nouveau quotidien !

Je m’appelle Charlène Joannard, j’ai 33 ans et je suis originaire du Sud-Est de la France. J’ai grandi à la campagne près d’Aix en Provence ou je suis restée une vingtaine d'années. J’ai étudié en école de commerce à Marseille, car c’était un peu la voie royale à l’époque lorsqu’on était bon élève. Puis je suis allée à Paris pour travailler dans le marketing et les ressources humaines.

Au fond de moi je savais dès mes études, que je n’étais pas totalement épanouie et que je n'étais pas vraiment à ma place. Mais j’ai continué sans me poser trop de questions.

Quel a été le déclic ?

Début 2018, j’ai réalisé un stage d’initiation à la céramique à Paris. Au contact de la terre j’ai décidé que ce serait ma voie. 

A ce moment-là, ça faisait 5 ans que je travaillais en entreprise, je commençais à étouffer à Paris et ne parvenais pas à trouver de sens dans ce que je faisais.

J’ai alors tout mis en œuvre pour que la céramique devienne mon métier.

Quelles ont été les étapes de ta reconversion ?

La première étape a été de quitter Paris. Tout s’est passé très rapidement : en l’espace de 3 mois j’ai déménagé en Savoie près d’Aix-les-Bains, région d’origine de mon compagnon et démarré un nouveau job de RH. 

J’ai investi dans un tour de potier que j’ai installé dans mon salon. Je passais mes soirées à mettre en pratique les conseils des potiers du coin. Quand j’ai acheté mon premier four, ce n’était plus possible de continuer ainsi. On m’a proposé gratuitement de m’installer dans un garage où j’ai pu réaliser mes premières pièces !

J’ai un très fort attrait pour le tour de potier depuis le début de ma pratique. J’ai pris quelques cours avec différents céramistes et pour mes 30 ans mes proches m’ont offert une semaine de stage à Copenhague chez Eric Landon (Tortus). Le reste je l’ai appris en pratiquant et en trouvant les réponses à mes questions sur internet qui est une mine d’or si on prend le temps de chercher. 

J’ai officiellement lancé mon activité en juin 2020, en septembre une amie architecte me missionne pour réaliser des grands pots sur-mesure pour un appartement à Paris. C’était mon tout premier projet, et si je ne pensais pas y arriver, à force d’acharnement j’ai réussi. Ça m’a donné confiance en moi et m’a permis d’avoir une première référence. D’autres commandes ont suivi.

En 2021, on trouve enfin une maison à retaper à Pugny-Chatenod. Après quelques mois de travaux j’y installe mon atelier et je quitte mon emploi.

Quel est le premier bilan de ton activité ?


Cela fait maintenant deux ans que je suis céramiste à plein temps et depuis peu j’arrive à vivre de mon métier. J’aspire à mieux gagner ma vie mais c’est déjà une super étape.

Je continue à faire des recherches et je participe à des formations professionnelles pour approfondir toujours plus mes connaissances et mon savoir-faire. Dernièrement j’ai appris les bases de la fabrication des émaux hautes températures ce qui me permet de développer ma propre gamme de couleurs.


Côté ventes, mon activité s’est essentiellement développée autour du sur-mesure. J’ai régulièrement des commandes de professionnels de l’hôtellerie et restauration. Je travaille des petites séries en fonction des demandes et besoins de chaque client. Je réalise aussi des commandes de particuliers sur des services de vaisselle. 

Les commandes sont venues progressivement grâce au bouche à oreille, à mon travail sur les réseaux sociaux ou tout simplement grâce à mon réseau. Je démarche beaucoup au niveau local, je dépose des cartes de visite, je me fais connaître. Je suis vraiment ancrée sur le territoire des deux Savoie.

Qu’est ce qui te plait dans ce nouveau métier ? Dans ton quotidien ?

Le plus important pour moi est tout le processus de fabrication pour arriver à la pièce finie. J’aime me lancer dans de nouveaux projets, les contraintes de mes clients permettent de développer ma créativité et ma technicité. 

Dans mon quotidien, j’aime que le temps de travail ne soit pas régulier. J’ai des pics d’activités pendant lesquels je carbure et je peux être de 9h à 23h à l’atelier. Je peux aussi, certaines semaines, prendre plus de temps pour souffler et me reposer. 

Je ne regrette pas du tout la vie d’avant, j’ai la chance de pouvoir gérer ma propre entreprise tout en pratiquant un métier que j’adore dans un environnement calme et apaisant.

Qu’est ce que tu aimes faire en dehors de l’atelier ?

Pour mon côté calme, je lis beaucoup et je profite de mon cadre de vie proche de la nature. Pour mon côté actif, je déniche les meilleurs concerts ou expo des grandes villes. 

J’ai aussi co-fondé un collectif de créatrices en Savoie qui s’appelle “Gang de créatrices” : on organise des marchés dans différents lieux avec des femmes qui viennent de lancer leur activité. C’est chouette de pouvoir échanger avec des personnes qui vivent la même chose que soi!

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