Bienvenue à l’atelier d’Hortense : 24 Août Céramique !

Crédit photo : Gaëtan Leprévost

Crédit photo : Lorraine Reinsberger

Crédit photo : Lorraine Reinsberger

Hortense est bordelaise d’origine et a passé 17 ans à Paris avant d’entamer une reconversion professionnelle et de devenir céramiste. Elle a créé son atelier 24 Août Céramique il y a quatre ans à Bordeaux après une formation au Cnifop à Saint-Amand-en-Puisaye. 

Comment as-tu démarré ta vie professionnelle ?


J’ai réalisé mes études à Paris. J’ai toujours eu la fibre manuelle mais à l’époque de mes études se lancer dans un CAP avait moins bonne presse que de suivre des études longues. 

Je n’aimais pas particulièrement l’école mais j’ai continué le plus loin possible : d’abord un IUT de communication, puis une licence et un master en alternance. 

À cette occasion j’ai travaillé dans une galerie d’art de photos contemporaine, c’était nouveau à l’époque. On pouvait acheter des tirages produits en petite série et donc moins chers.

Ensuite je suis devenue attachée de presse, puis chef de projet dans une agence de communication, puis j’ai vendu des appartements… À chaque fois je restais en poste un an et ça ne me plaisait pas ou ne me convenait pas et je changeais. J’ai tenu comme ça jusqu’à 30 ans.

Et j’ai compris que ce n’était pas ma voie. Au fond j’avais la réponse à mes questionnements depuis le début mais ça fait peur et je ne m’étais pas écoutée. J’avais besoin de temps et de courage pour me lancer ! 

À ce moment-là, la poterie arrive dans ma vie. Au hasard je fais un stage de céramique et c’est le coup de cœur. Je prends des cours pendant plusieurs mois dans le marais à Paris.

Et tu changes de voie ?

Oui. J’ai envie d’approfondir la technique et la rigueur. Je candidate au CNIFOP et je reçois la réponse positive. Ça y est l’aventure commence ! Il faut savoir que la formation au CNIFOP peut être financée par la région Bourgogne. 

La formation en elle-même est intensive. Et j’y suis allée avec une joie extrême. C’était un univers plus simple, plus rural, plus posé que ce que j’avais connu. On était 8h par jour sur le tour. Je passe une année formidable au côté de notre professeur Isabelle Delain. Nous étions 15 personnes avec des profils très variés.

C’est une année pour moi ou il faut apprendre à lâcher le mental et ressentir les choses. Savoir rester calme et apprendre la patience de répéter des gestes inlassablement. C’est une expérience du temps présent, de l’attention. Et j’aime ce rythme : les boules, le tournage, les pièces les unes après les autres ..

Je rencontre Benjamin mon compagnon à la même période.

J’ai réalisé une 2e année de formation dédiée au travail des couleurs, des émaux. C’était important pour moi de maîtriser le processus de A à Z. J’ai aimé les petites prises de tête liées à la recherche de coloris et l’on pouvait travailler la terre de notre choix. J’ai aimé le grès de Saint-Amand que j’utilise encore aujourd’hui.

Ma préférence va aux couleurs naturelles, mat et douces au toucher. À l’époque de ma formation, il y avait peu de mat doux au toucher.

C’est par ces recherches que j’ai développé les prémices de mes collections d'aujourd'hui.

Finalement ces deux années de formation ça a été du temps pour moi. Une jolie parenthèse. Et je n’avais pas d’enfants à l’époque.

Je tombe enceinte très rapidement par la suite. De retour à Paris, je donne des cours à l’argilerie dans le 19e arrondissement, chez Loic.  Puis nous avons décidé de nous réinstaller sur Bordeaux. Je monte l’atelier très rapidement sous mon appartement en parallèle du bébé.C’était plutôt fluide. Et dès que ma fille a eu 9 mois, j’ai démarré l’activité. J’ai donné des cours pour générer un revenu (dans mon atelier et au studio Primitif) et j’ai lancé mes collections sous le nom 24 août.

Tu as monté ton atelier il y a 4 ans. Si tu devais dresser un premier bilan ?

Pour moi après 4 ans, mon activité n’est pas encore 100% viable. J’ai eu deux enfants entre-temps et malheureusement le congé maternité de l’entrepreneure est proche de zéro, il faut donc qu’il dure le moins longtemps. J’ai eu 300€ sur 4 mois de congé maternité... J’ai donc continué de travailler jusqu’à mes accouchements les deux fois et repris le travail rapidement. Et le nerf de la guerre c’est de pouvoir faire garder ses enfants.

Je commence à trouver mon équilibre entre mes différentes activités : les cours, ma production personnelle, les ventes sur Minuit Céramique et les commandes professionnelles. Le tout est viable, notamment parce que j’ai un compagnon et qu’il y a une 2e rentrée d’argent. Seule ce serait très difficile.

Sans compter que le métier de céramiste est un métier de cheffe d’entreprise, on fait tout : admin, communication, production, vente.. J’ai réussi à le faire grâce à mes compétences passées mais ce n’est pas facile ! 

Je suis donc Maman, Céramiste et  Autoentrepreneuse !

En termes de rythme, mon atelier se situe sous mon appartement, c’est une chance. Je dormais peu la nuit lorsque ma deuxième fille est née donc j’allais lancer des fours en pleine nuit et j’arrivais plus tard le matin à l’atelier. 

Aujourd’hui j’organise mon temps comme je souhaite, ce qui me donne une grande liberté.Et ma vie de famille reste prioritaire.

Avec mes deux filles, Garance et Anna, je découvre la transmission et c’est génial. Je vais par exemple initier les enfants de la classe de ma grande au modelage. J’adore leur faire découvrir la terre et les techniques.

Tu peux nous parler de tes collections ? Qu’est ce qui t’inspire ?

Pour mes collections je souhaitais des formes épurées. Mes inspirations, je pense à Georges Jouves et Dany Ruelland (?). Des lignes simples, des objets monochromes. Des possibilités de mix & match et un panel de couleurs allant bien ensemble.

J’ai développé de nombreux coloris pastels et les client.e.s peuvent constituer un service à leur image.

J’aime bien l’art de la table et les objets. Des lampes, je chine beaucoup, il y a une âme dans les objets.

Mes objets donnent une âme à la table. J’adore les belles tables et recevoir les copains, organiser des week end. Je mélange ma vaisselle (celles à défauts bien sûr) et celle d’autres céramistes.

J’adore cuisiner, c’est une part importante de ma vie.

Ta vie à l’atelier aujourd’hui ?

J’ai repris à 100% depuis septembre 2022. En tant que mère, j’ai parfois du mal à retrouver ma créativité, car les enfants en bas âge demandent beaucoup d'énergie. 

Mais j’adore faire ce métier ! Je l’ai choisi et je ne m’ennuie jamais ! Je suis heureuse d’aller à l'atelier, heureuse d’avoir des commandes… Je pense que je ne m’en lasserai pas et plus important : j’ai trouvé ma voie. Et puis en tant que femme on a de bonnes ressources, on se débrouille toujours.

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