Du côté d’Orléans avec la céramiste Marie Samson

Cette semaine on est allée à la rencontre de Marie Samson du côté d’Orléans ! Marie travaille la porcelaine et son univers fait la part belle aux paysages et aux animaux. Rencontre.

Je m’appelle Marie et mon atelier est situé à mon domicile près d’Orléans. Je suis céramiste depuis plus de dix ans et c’est un métier qui convient parfaitement à mon tempérament ! 

Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours adoré fabriquer des choses avec mes mains. J’ai commencé tôt les activités manuelles et à 7 ans j’avais déjà touché à l’argile dans les activités extrascolaires du mercredi. Le sport n’était pas mon truc mais la création si !

D’ailleurs je suis la seule créative de ma famille, mes parents et ma soeur ont des métiers plus conventionnels.

Après un bac en arts appliqués, je me suis spécialisée en design d’objets avec un bts. Ça m’a plus et j’ai réalisé en même temps que je ne souhaitais pas passer ma vie devant un écran d’ordinateur. J’ai besoin de concret dans le quotidien et modéliser des objets en 3D n’était pas suffisant. C’est là que j’ai eu envie de maîtriser le processus entier. 

Et j’ai alors enchaîné sur un deuxième bts cette fois en Art Céramique.

Comment as-tu eu le déclic sur la terre ?

C’est une des mes profs qui m’a orienté vers ce bts. Elle m’a dit “ je t’y vois bien”. J’adorais l’art de la table que je travaillais beaucoup dans le cadre des cours et je n’avais pas fait le lien moi-même avec la terre ! Pas facile de prendre du recul quand on est dans une formation pour devenir designer. J’ai suivi son conseil qui m’a sorti un peu du brouillard et j’ai entamé ce bts. Mais je le voyais davantage comme une aide pour exercer le métier de designer en lien avec l’art de la table - pour un grand groupe par exemple. Je n’avais pas encore eu le déclic de devenir céramiste moi-même.

J’ai eu l’occasion de faire un premier stage dans un atelier en Alsace au côté de Camille Schpilberg à Altkirch. C’est quand j’ai vu son quotidien que j’ai vraiment eu le déclic. Elle habitait à côté de son atelier, ce que je trouvais génial. Elle était dans la création de A à z, avait la liberté de faire ses propres choix. Tout ce qui me faisait envie ! C’était le rêve pour moi.

Arrivée en 2e année, ça y est je savais que je voulais m’installer en tant que céramiste. Mais je n’y connaissais rien et c’était effrayant. Camille avec qui je suis restée en contact m’a aidée et conseillée. Elle avait suivi la formation de l’IEAC, l’institut européen des arts céramiques.


J’ai postulé à la fin du BTS et j’ai été prise. C’est une formation de 12 mois en accéléré. On était en tout petit comité, six élèves en tout ! C’était quasiment une formation individuelle, les profs nous connaissaient parfaitement. J’ai pu y prendre le temps de développer mon univers, mon vocabulaire personnel.

Comment as-tu démarré le métier ensuite ?

Je suis rentrée à Orléans et j’ai rapidement trouvé un atelier dans la ville, bien situé : il donnait sur une rue passante et j’avais un espace boutique.

J’ai démarré comme ça, avec des missions en intérim à côté qui me permettaient de payer le loyer. J’y suis restée trois ans. Ça a été la découverte de tous les à-côtés à la fabrication. J’ai appris sur le tas et j'ai participé à tous les marchés de potier possible. A l’époque j’avais un style plus expérimental qui plaisait essentiellement à des céramistes ou designers et moins au grand public. Et je ne savais pas communiquer. Je pensais que les ventes viendraient toutes seules. 

Et petit à petit j’ai compris l’importance de l’aspect commercial, des retours clients aussi lorsqu’il passait à la boutique et j’ai imaginé une collection d’objets utilitaires qui plairait davantage tout en me correspondant. Le bleu par exemple plaisait beaucoup, j’ai conservé cette couleur.. Et j’ai commencé à communiquer sur les réseaux sociaux.

Est-ce que tu vis de ton métier ? Si oui depuis combien de temps ?

J’ai travaillé 6 ans en intérim en tout, avant de lâcher définitivement. Je vis de mon métier depuis 2018, soit 5 ans !

Un artiste voisin m’avait dit “ ton activité décollera quand tu arrêteras de travailler à côté “ c’était ce qui lui était arrivé et sur le moment je trouvais ça un peu facile. J’aime la sécurité et ce n’est pas simple de tout lâcher sans filet.

Dès que j’ai eu une année correcte j’ai décidé d’arrêter l'intérim - pour voir. Et j’ai découvert le plaisir d’avoir des journées entières à l’atelier. Et la disponibilité intellectuelle pour créer. 

Entre temps j’ai déménagé d’atelier et je l’ai installé à la maison, sans boutique. C’est un lieu de fabrication, ma bulle. J’ai un tempérament plutôt solitaire et travailler au calme me convient mieux. C’est au moment du changement d’atelier que j’ai donné un nouvel élan à ma fabrication et repensé ma collection. Le nouveau lieu a facilité les nouvelles idées.

Puisque tu en parles, comment as-tu pensé ta collection actuelle ?

Je travaille toujours la porcelaine. L’important pour moi était de rester facilement identifiable. Qu’on reconnaisse mon travail. J’avais envie de formes et de motifs simples, que je puisse dessiner de manière très spontanée. Je n’aime pas dessiner de manière minutieuse pendant des heures. Et puis plus tu passes de temps sur la pièce et plus celle-ci va coûter chère..

J’utilise la technique du coulage qui me permet de fabriquer des petites séries d’objets.

Dans ma collection on retrouve plusieurs objets : des mugs, des vases, des pichets et même des nichoirs à oiseaux ! La porcelaine ne gèle pas, on peut donc les laisser dans le jardin toute l’année. Côté coloris, je travaille essentiellement le vert et le bleu, les couleurs de la nature et du ciel en somme. Et les formes et motifs d’oiseaux se sont invités dans ces paysages.

Quels sont tes principaux canaux de vente ?

Je suis présente dans une dizaine de boutiques, à côté j’ai mon e-shop et je participe aux ventes collectives Minuit. Je fais quelques marchés aussi. Et je donne aussi quelques cours à l’atelier pour compléter ma rémunération.


Comment tu te sens dans ta vie en tant que céramiste? Est-ce qu’exercer un métier passion te convient ?

Je ne pourrais pas imaginer exercer un autre métier. C’est aujourd’hui une évidence, tellement il me convient bien !

Que ce soit au niveau de ma personnalité, de la liberté qu’il m’apporte, du plaisir d’imaginer et concevoir un objet … Pour moi c’est un luxe ! 

En revanche je ne suis clairement pas au 35h, c’est un travail exigeant, qui demande beaucoup d’investissement personnel et je trouverai difficile d’exercer en parallèle d’une vie de famille avec des enfants. Là, quand je termine ma journée, je peux prendre du temps pour moi et avec mon compagnon. On adore jardiner ensemble, faire des travaux à la maison. On a récemment retapé un vieux van Volkswagen pour voyager.

Après j’aime tellement mon métier que j’y pense constamment. Même en vacances on ne décroche pas. Il m’arrive même de me faufiler à l’atelier le soir - pour défourner un four ou finir vite une tâche.. ! Et je ne m’imagine pas du tout à la retraite, je me vois à l’atelier jusqu’à la fin ! Mon épanouissement passe notamment par mon travail.

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