Lucia Mondadori
Tu peux nous raconter ton parcours et où tu as grandi ?
J’ai grandi sur l’île de Santa Catarina au Sud du Brésil, aussi connue sous le nom de Floripa. Un lieu où la nature est omniprésente : les plages, les rochers, la végétation luxuriante - toute une ambiance !
J'ai fait des études de design au Brésil. J’ai travaillé plus de 10 ans comme designer dans l’édition de papeterie et dans le visual merchandising. En 2013 j’ai tout arrêté pour fonder une petite société de jus pressés à froid, toujours en activité aujourd’hui. Puis je me suis installée à Paris avec mon compagnon en 2016, j’ai vendu les parts de ma société, j’ai fait deux enfants et un retour au design avec ma reconversion en céramiste.
Donc tu arrives en France en 2016. Comment la céramique est entrée dans ta vie ?
Un peu par hasard ! Je pense que je voulais une vie plus calme. Lors de la rénovation de notre maison, je m'intéressais de plus en plus au mobilier et aux matières. C’est lorsque je cherchais une nouvelle vaisselle que je me suis dit : “je vais fabriquer mes propres assiettes”.
J’ai alors trouvé un cours pour m’initier, mais je suis plutôt autodidacte. J’ai beaucoup pratiqué en autonomie dans un atelier libre à Paris. J’ai tout de même fait quelques stages chez des céramistes pour perfectionner certaines techniques. Puis j’ai installé mon atelier à la maison. L’achat du four a été une étape très importante : tout était alors devenu plus sérieux. Il fallait gérer mes cuissons et réussir mes émaux !) Ma technique a beaucoup progressé.
Ça a l’air très fluide comme expérience, il y a eu un déclic ?
Oui et non. Lors d’un voyage au Brésil j'ai dit à mes amies : “en rentrant je vais faire de la céramique”. J’ai un côté un peu obsessionnel (rires). Je tombe sur un projet et si ça me motive je plonge !
Tes pièces sont brutes et très texturées tout en ayant des formes rondes et généreuses, d’où vient ton inspiration ?
Ma première inspiration vient des paysages de granit de mon enfance. La mer qui tape sur les rochers et qui les sculpte. Le travail de l’érosion - c’est ce que je recherche quand je travaille la texture de mes pièces, leurs rondeurs asymétriques.
Puis j’ai commencé à faire des recherches sur l’histoire de la céramique - l’Asie, la Méditerranée - mais aussi de la sculpture. J’étais frappée par la vague abstraite du début du 20e: Barbara Hepworth, Jean Arp, Brancusi… puis Valentine Schlegel dans les années 50.
C’est vrai que tes vases flirtent avec la sculpture, c’est un domaine qui t’attire aussi ?
J’ai envie de faire des pièces plus grandes, de jongler entre utilitaire et sculptural. Il y a un défi technique important. Les grandes pièces ne se montent pas de la même manière, il faut y aller petit à petit pour comprendre. J'ai aussi des envies de mobilier design. Je le ferai peut-être juste pour moi ! J’aimerais aussi développer mon travail sur les émaux et sur de nouvelles textures. Bref, en céramique on ne s’ennuie pas !\
Photographies - Anne Bied.